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Tout savoir sur le poney New Forest

Parmi les races équines britanniques, le poney New Forest occupe une place à part. Né dans le sud de l’Angleterre, il vit encore en partie à l’état semi-sauvage dans la forêt qui lui a donné son nom. Polyvalent, il séduit aussi bien les cavaliers de loisir que les compétiteurs en sport poney. Race héritière de traditions séculaires, mais aussi gérée par des institutions modernes, le New Forest incarne un équilibre rare entre patrimoine vivant, rigueur d’élevage et adaptation aux disciplines équestres contemporaines. Éclairage sur ses origines, ses caractéristiques physiques, ses utilisations sportives, son état actuel et les traditions uniques qui entourent son élevage.

Un poney britannique emblématique

Le New Forest est l’un des poneys « mountain & moorland » des îles britanniques : rustique et sûr, il se distingue par un mental franc et facile. Sa singularité réside dans le fait qu’une part du cheptel vit toujours en semi-liberté dans la New Forest, la forêt du même nom, entretenue par les pratiques d’élevage locales.

Des origines séculaires, entre mythe et sélection raisonnée

Les poneys pâturent la New Forest depuis des siècles. L’élevage a été structuré à la fin du XIXᵉ siècle, puis le stud-book créé en 1905 et repris par la New Forest Pony Breeding & Cattle Society (NFPB&CS).
Les apports extérieurs (Welsh, Pur-sang, Arabe, Hackney, puis d’autres poneys britanniques) ont façonné le type avant la fermeture aux sangs non-NF en 1930 ; la légende d’ancêtres « Espagnols nageurs » de l’Armada est tenue pour un mythe.

Un cadre de gestion unique : commoners, Verderers et Agisters

Les poneys en liberté appartiennent à des commoners qui disposent de droits de pacage ; la gestion sanitaire et la police des troupeaux relèvent des Verderers (juridiction historique) et de leurs Agisters, agents de terrain qui veillent quotidiennement aux animaux.

Standard et morphologie : un « petit cheval » rustique

Le standard officiel fixe 148 cm comme taille maximale au garrot, sans minimum, pour un modèle de travail : épaule oblique, arrière-main puissante, membres droits et pieds durs. En concours, on distingue souvent des sections de taille (≤ 138 cm et > 138 cm).

En pratique, cela veut dire que les New Forest sont divisés en deux sections de taille lors des compétitions :

  • Section A : poneys de 138 cm ou moins

  • Section B : poneys de plus de 138 cm jusqu’à 148 cm

Robes et marques admises

Toutes les robes unies (bai/brun, noir, alezan) et les rouans existent ; les pie, skewbald et les yeux bleus crème sont exclus, certaines restrictions touchant aussi les doubles dilutions chez les étalons. Les marques blanches excessives ne sont pas recherchées.

Tempérament et aptitudes générales

Le New Forest est recherché pour son intelligence, sa sûreté de pied et son énergie mesurée. Assez porteur pour un adulte léger mais assez étroit pour un enfant, il est apprécié comme poney de loisir et de formation en école d’équitation.

Traditions d’élevage : drifts, tail-marking et ventes de Beaulieu Road

Dans la New Forest, l’élevage des poneys ne repose pas uniquement sur les pratiques modernes de stud-book. Il s’appuie aussi sur des traditions communautaires séculaires, qui assurent à la fois la gestion sanitaire, la traçabilité et la transmission culturelle de la race. Chaque année, plusieurs événements marquent la vie des troupeaux en liberté et rassemblent éleveurs, agents de gestion et acheteurs.

Les drifts : rassembler les poneys de la forêt

Chaque automne, environ quarante drifts sont organisés dans la New Forest. Ces rassemblements traditionnels permettent de regrouper les poneys en semi-liberté. Les Agisters, agents responsables pour le compte des Verderers, supervisent l’opération avec l’aide des commoners, propriétaires des animaux. Les poneys sont capturés à cheval, parfois à l’aide de filets, et conduits vers des enclos temporaires aménagés dans la forêt.

Les contrôles sanitaires et le suivi des poneys

Une fois rassemblés, les poneys passent divers contrôles : inspection de l’état général, soins vétérinaires de base, vermifugation et vaccinations si nécessaire. Les poulains peuvent être sevrés de leurs mères à ce moment, ce qui facilite ensuite leur vente et leur traçabilité.

Le tail-marking et autres marquages

Au cours des drifts, chaque poney est soumis au tail-marking, une coupe codifiée des poils de queue indiquant qu’il a été présenté au drift de l’année et précisant sa zone d’origine. En complément, les animaux portés sur la forêt sont aussi marqués au fer au nom du propriétaire. Ces pratiques, ajoutées au passeport équin et au suivi du stud-book, constituent un système complet de traçabilité.

Les ventes de Beaulieu Road

Les poulains sevrés issus des juments de la forêt sont ensuite conduits aux Beaulieu Road Pony Sales, près de Brockenhurst. Cette salle de ventes officielle, gérée par les Southern Counties Auctioneers, organise plusieurs enchères par an. Les acheteurs y trouvent des poneys destinés aussi bien au loisir qu’au sport, et les éleveurs perpétuent une tradition communautaire séculaire.

Un « stint » d’étalons pour maîtriser qualité et naissances

Afin de préserver le type et limiter les naissances, seuls des étalons approuvés sont lâchés sur la forêt quelques semaines au printemps-été ; leur nombre et leurs aires sont publiés chaque année.

Usages sportifs : polyvalence du club à la haute performance

Dressage, CSO poney, complet, attelage, working hunter : la race brille par sa polyvalence, et on la retrouve des concours Pony Club jusqu’aux grands rendez-vous nationaux britanniques. Des programmes de performance dédiés tiennent le palmarès de la race.

Exemples récents de réussite en shows

En 2024, Ravenstone Fudge II s’impose au Horse of the Year Show (HOYS) dans la classe de race montée, confirmant la compétitivité des New Forest dans le circuit « Heritage ».

Répartition mondiale et stud-books affiliés

Née en Angleterre, la race est aujourd’hui présente en Europe, Amérique du Nord et Australie, via des associations nationales reliées au stud-book mère ; ces relais structurent l’élevage, les inspections et les shows locaux.

Santé et gestion génétique

La société de race a éradiqué des lignées porteuses de myotonie congénitale (CLCN1) par dépistage systématique et exclusion des reproducteurs porteurs, illustrant une gestion proactive des risques héréditaires.

Effectifs et état de la race aujourd’hui

Les effectifs « en forêt » ont fluctué : 571 en 1945, 4 604 recensés en 2011, et des milliers aujourd’hui en semi-liberté ; le RBST a classé la race en catégorie de surveillance (« minority ») au vu des juments reproductrices, malgré une présence visible et un rôle écologique majeurs.

Rôle écologique et culturel

Le poney est considéré comme l’un des « architectes du paysage » : son pâturage extensif entretient landes et pelouses de la New Forest et façonne un écosystème emblématique, indissociable des usages pastoraux traditionnels.

 

Symbole d’un patrimoine culturel britannique, mais aussi acteur de l’équitation contemporaine, le New Forest illustre comment une race locale peut s’inscrire durablement dans la modernité tout en gardant l’empreinte de ses racines.

Sources