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Qu'est-ce qu'un stud-book ?

Dans le monde de l’élevage équin, la notion de race ne se limite pas à des critères esthétiques ou sportifs : elle repose sur une organisation rigoureuse qui garantit la fiabilité des origines et la préservation des qualités recherchées. C’est dans ce cadre que le stud-book occupe une place centrale. Véritable colonne vertébrale de chaque race, il assure la continuité entre tradition et modernité, en reliant les choix des éleveurs d’hier aux ambitions de ceux d’aujourd’hui.

Un stud-book, qu’est-ce que c’est exactement ?

Le terme stud-book désigne un registre officiel qui recense et suit la généalogie des chevaux et poneys appartenant à une race ou un type reconnu. Il s’agit d’un document de référence qui établit la légitimité d’un cheval à être considéré comme membre d’une race. On y consigne l’identité, les origines, et parfois les performances des individus, garantissant ainsi la traçabilité et la fiabilité des lignées.

Un outil de sélection génétique

Le stud-book est avant tout un instrument de gestion génétique. En enregistrant de manière rigoureuse les ascendants et descendants, il permet aux éleveurs de préserver les caractéristiques souhaitées d’une race et d’écarter les défauts héréditaires. C’est grâce à ce suivi que des races comme le Pur-sang anglais ou le Selle Français conservent leurs qualités athlétiques reconnues dans le monde entier.

L’origine historique des stud-books

Les premiers stud-books apparaissent au XVIIIᵉ siècle, notamment en Angleterre, pour organiser l’élevage des Pur-sang destinés aux courses. L’objectif était de certifier les origines et de maintenir un haut niveau de performance. Rapidement, cette pratique s’est étendue à d’autres races équines, puis à l’ensemble de l’élevage moderne. Aujourd’hui, chaque stud-book incarne l’histoire et la culture d’une race, tout en s’adaptant aux besoins contemporains.

Stud-book et naissance d’un poulain : comment ça se passe ?

Lorsqu’un poulain naît, son enregistrement dans le stud-book de la race est une étape clé pour attester officiellement de ses origines. L’éleveur doit déclarer la naissance auprès de l’organisme de gestion du stud-book dans un délai précis (souvent quelques semaines). Un contrôle de filiation par prélèvement ADN est généralement obligatoire afin de vérifier que le poulain est bien issu du père et de la mère déclarés. Une fois cette étape validée, l’animal reçoit son passeport équin mentionnant son stud-book d’appartenance, son numéro d’identification (UELN) et parfois ses particularités physiques. Cette inscription précoce garantit non seulement la traçabilité de la race, mais elle conditionne aussi la valeur future du cheval sur le marché et sa possibilité de participer aux compétitions officielles.

Quelles races font l’objet d’un stud-book ?

La majorité des races équines reconnues disposent aujourd’hui de leur propre stud-book, géré par une association nationale ou internationale. 

Parmi les chevaux de sport, on retrouve des registres prestigieux comme ceux du Selle Français, du Hanovrien, du KWPN néerlandais, de l’Oldenbourg ou encore du Holsteiner. Côté poneys, plusieurs races emblématiques possèdent également leur stud-book, comme le Connemara en Irlande, le New Forest en Angleterre, le Welsh au Pays de Galles, le Poney Highland en Écosse, ou encore le Dartmoor et l’Exmoor. Certains chevaux de type cob ou utilitaires – tels que l’Irish Cob, le Welsh Cob ou le Gypsy Cob – sont aussi inscrits dans des stud-books qui encadrent leurs caractéristiques et leur sélection. 

Enfin, les races de tradition comme le Pur-sang anglais, l’Arabe ou le Lipizzan possèdent des stud-books fermés, alors que d’autres, comme le Lusitanien ou le Frison, combinent sélection morphologique et ouverture encadrée. Les stud-books jouent aussi un rôle vital pour des races locales menacées, par exemple le Trait Poitevin en France ou le Poney Fjord en Scandinavie, en assurant leur préservation génétique.

Les règles d’admission d’un cheval

L’entrée d’un cheval dans un stud-book n’est pas automatique : elle obéit à des critères stricts définis par la société de race. Ceux-ci peuvent inclure la vérification des origines par analyses ADN, la conformité au standard morphologique, ou encore la réussite à des tests de performance. Ces conditions visent à garantir que seuls les individus représentatifs et sains participent à la reproduction officielle.

Stud-books fermés et stud books ouverts : quelle différence ?

On distingue deux grands types de stud-books. 

Les stud-books fermés (comme celui du Pur-sang anglais) n’acceptent que des individus dont les ascendants appartiennent exclusivement au registre

À l’inverse, les stud-books ouverts autorisent des apports extérieurs pour améliorer certaines qualités, à condition que les chevaux introduits respectent des critères définis. Cette distinction influence fortement la diversité génétique et la stratégie d’élevage d’une race.

Le rôle des stud-books dans la reconnaissance internationale

Un stud-book reconnu par la World Breeding Federation for Sport Horses (WBFSH) ou par les autorités nationales apporte une valeur officielle aux chevaux qui y figurent. L’inscription dans un registre de ce type est indispensable pour participer à certaines compétitions, vendre à l’international ou accéder à des programmes de reproduction subventionnés. Ainsi, le stud-book agit comme un passeport génétique et sportif.

Un instrument économique pour les éleveurs

Au-delà de l’aspect génétique, le stud-book a un rôle économique majeur. Un cheval inscrit bénéficie d’une plus grande valeur marchande, car ses origines sont certifiées. Pour les éleveurs, c’est aussi un gage de crédibilité et une façon de se positionner sur un marché concurrentiel. Les ventes aux enchères, en particulier, s’appuient sur les données du stud-book pour déterminer la valeur des poulains.

L’apport des technologies modernes

Les stud-books évoluent avec leur temps. Les registres papier ont laissé place à des bases de données numériques centralisées, souvent accessibles en ligne. L’usage systématique des tests ADN, la numérisation des passeports équins et l’interconnexion entre registres nationaux renforcent la fiabilité et la rapidité des enregistrements. Ces innovations rendent la gestion des populations équines plus efficace et transparente.

Le stud-book comme patrimoine culturel

Enfin, un stud-book n’est pas seulement un outil technique : c’est aussi le gardien d’un patrimoine vivant. Il raconte l’histoire d’une race, les choix des éleveurs et les traditions d’un territoire. Les stud-books des poneys autochtones britanniques, par exemple, reflètent autant l’identité culturelle que les caractéristiques zootechniques. Préserver un stud-book, c’est préserver une mémoire collective et un savoir-faire ancestral.


Un stud-book est à la fois un registre, un outil de sélection, un passeport international, un instrument économique et un vecteur de mémoire culturelle. Sans lui, l’élevage équin moderne ne pourrait pas garantir ni la qualité des races, ni leur pérennité. Pour les éleveurs, les cavaliers et les institutions, comprendre le rôle d’un stud-book, c’est comprendre la base même de la gestion et de la valorisation du cheval de race.